Comment comprendre la réforme du baccalauréat de 2021 ?
La nouvelle réforme du baccalauréat menée par Jean-Michel Blanquer en tant que Ministre de l'Éducation Nationale a de nombreuses conséquences. Elle impacte le parcours et l'orientation de chaque lycéenne ou lycéen. Comment cette réforme est-elle appliquée ? Pourquoi est-il tant question d'orientation ?
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Publié le 13/10/2019
Dès 2021, plus de 2 millions d’élèves au lycée seront directement concernés par une loi qui redéfinit en profondeur le lycée et le baccalauréat. Jean-Michel Blanquer, le Ministre de l’Éducation Nationale, promet que cette réforme aboutira à un baccalauréat synonyme de simplicité, d’égalité, et de « tremplin vers la réussite ».
Pourtant, cette réforme soulève aujourd'hui beaucoup de questions chez les lycéens, leurs parents et leurs professeurs, qui pointent du doigt de trop nombreuses zones d’ombre. Comment fonctionne la nouvelle réforme du bac 2021 ?
Quelles sont les conséquences d’un tel bouleversement ? Quelles sont les dates importantes du calendrier liée à cette nouvelle formule ? Dans cet article de blog, on vous éclaire au maximum à propos de ces nouveautés !
Baccalauréat 2021 : qu’est-ce qui change ?
Les filières ne sont plus d'actualité. A la fin de la classe de seconde, les jeunes lycéens n'auront plus à choisir entre différents parcours, scientifiques, technologiques ou littéraires. Ils devront choisir plusieurs spécialités d'enseignement !
Les programmes et les parcours sont aussi modifiés en seconde, première ou terminale, voici comment.
En seconde générale et technologique
- En début d’année, les élèves doivent désormais évaluer leur niveau en français et en mathématiques grâce à un test de positionnement ;
- Ils suivent un tronc commun de 10 enseignements, où les options facultatives sont toujours présentes ;
- Ils bénéficient de 54 heures d’aide à l’orientation afin de définir un projet étudiant et professionnel précis, ainsi que d’un accompagnement personnalisé concentré sur la maîtrise de l’expression écrite et orale.
Ces heures dédiées à la question de l'orientation ont pour but d'aider les élèves à choisir l'école ou la formation la plus pertinente. En fonction de leur profil et de leurs centres d'intérêts, ils pourront - on l'espère - s'orienter plus facilement ! De nombreux de lycéens se posent la question suivante : que faire après le bac ? Les heures de réflexion ont justement pour but d'accompagner chaque lycéen dans son parcours.
En première
En fin de seconde, les élèves qui souhaitent suivre la voie technologique, devront choisir entre les séries suivantes : STMG, ST2S, STHR, STI2D, STL, STD2A, ou TMD. Les élèves qui optent pour la voie générale devront choisir 3 enseignements parmi les 12 spécialités du nouveau baccalauréat :
- Arts
- Histoire-Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques
- Mathématiques
- Humanités, littérature et philosophie
- Numérique et Sciences informatiques
- Langues, littératures et cultures étrangères
- Biologie-écologie
- Littérature, langues et cultures de l’Antiquité
- Sciences de la Vie et de la Terre
- Physique-Chimie
- Sciences Économiques et Sociales
- Sciences de l’ingénieur
En terminale
En fin de première générale, l’élève doit désormais choisir 2 enseignements de spécialité parmi les 3 sélectionnés en première. Tout au long des années de première et de terminale, un contrôle continu comptera pour 40 % de la note finale. Enfin, l’épreuve anticipée de français en première (écrit et oral), et les quatre épreuves en Terminale, c’est à dire les deux enseignements de spécialité, la philosophie et le Grand Oral, compteront pour 60% de la note finale. C'est surtout à cette étape clé dans l'orientation qu'il faudra choisir le bon diplôme ! De quoi rajouter un peu de stress en plus des examens et des devoirs…
Un baccalauréat plus simple ?
Ce nouveau système permet aux lycéens d’individualiser leurs parcours afin de les adapter à leurs préférences et à leur choix d’orientation.
Afin d’en finir avec un baccalauréat jugé trop complexe et trop lourd, ce nouveau format a pour objectif d’alléger les épreuves du baccalauréat, en intégrant un contrôle continu. Ce système, en lissant les épreuves du baccalauréat sur les deux années de Première et Terminale, permet d’éviter le « bachotage » et accorde plus de crédit au parcours et à la régularité du travail de l’élève au lycée.
D’autre part, ce baccalauréat « à la carte » a l’avantage de décloisonner les séries S, ES et L qui n’avaient plus grand intérêt, et qui apparaissait comme trop hiérarchisées. Ainsi, ce nouveau système permet aux lycéens d’individualiser leurs parcours afin de les adapter à leurs préférences et à leur choix d’orientation.
Enfin, de nombreux parents d’élèves soulignent le fait que certaines spécialités, comme les Mathématiques, ou la Physique-Chimie, seront indispensables au parcours des lycéens. Pourtant, ces spécialités sont susceptibles d’être ignorées par certains lycéens ayant choisi d’étudier d’autres spécialités. Ils pourraient alors se retrouver confrontés à l’impossibilité d’accéder à certaines études post-bac qui exigent un parcours comportant l’une de ces spécialités. Ainsi, le choix de ces dernières peut constituer un élément décisif dans l’orientation post-bac des lycéens, dont la réflexion doit par conséquent commencer dès la classe de seconde. Face à cet enjeu, de nombreux parents d’élèves pointent du doigt le caractère non réaliste de la réforme du baccalauréat.
De nombreux établissements d'enseignement indiquent clairement dans leurs critères d'admission les spécialités qu'il faut choisir. Ce n'est donc pas un choix à faire à la légère !
Le baccalauréat en 2021 : un tremplin vers la réussite ?
« Le Grand Oral va être un levier formidable d’égalité des chances » Cyril Delhay
Selon un sondage réalisé par Orientation-Éducation en 2015, 63% des élèves en Terminale ne savent pas quel parcours post-bac emprunter et 61% des étudiants ne terminent pas les études post-bac qu’ils ont choisies. Pour éviter cela, la réforme entend permettre aux lycéens, dès la seconde, de mieux s’orienter. En effet, les élèves bénéficieront de 54 heures d’aide à l’orientation dans l’année en classe de seconde. En première et Terminale, le rythme sera d’1h30 par semaine, sous la forme de groupes à effectifs réduits, de mooc, ou, peut-être, de visites d’établissements sur Prepeers.co.
De plus, la mise en place de l’épreuve du Grand Oral peut permettre aux élèves de maîtriser les bases de l’art oratoire et de l’expression orale, indispensables pour la vie sociale et professionnelle de l’élève. Selon Cyril Delhay, professeur d’art oratoire à Sciences Po Paris, « le Grand Oral va être un levier formidable d’égalité des chances ». En effet, ce dernier considère que l’art oratoire est un art démocratique, qui ne demande quasiment pas de prérequis ni un quelconque talent de naissance venu d’une quelconque condition sociale. Ainsi, tout l’enjeu réside dans la manière avec laquelle la technique de l’art oratoire sera enseignée.
Ce nouveau bac est-il plus juste ? Les nombreux détracteurs de la réforme mettent en lumière les inégalités qui existent face à l’accès à l’enseignement de certaines spécialités. En effet, de nombreux lycées ruraux ne sont pas en mesure d’enseigner les 12 spécialités du nouveau baccalauréat, ce qui contraint les élèves à choisir par défaut, ou à étudier ailleurs. Pourtant, deux chiffres montrent que le nouveau baccalauréat n’aggravera, à priori, pas les inégalités :
• Aujourd'hui, 84% des lycées publics proposent les 3 séries L, S et ES. A la rentrée 2019, 92% des lycées publics proposeront au moins 7 enseignements de spécialité.
• Aujourd'hui, 82% des lycées publics les plus défavorisés proposent les 3 séries L, S et ES. A la rentrée 2019, 88% des lycées publics les plus défavorisés proposeront au moins 7 enseignements de spécialités.
En conclusion
La réforme du baccalauréat représente un changement majeur pour plus de 2 millions de lycéens. Ce changement a pour but d’augmenter leurs chances de réussite en simplifiant le lycée, et en donnant plus d’importance à ce qui sera utile dans la vie future du lycéen. Sans nul doute, cette réforme doit encore convaincre de nombreux sceptiques de sa pertinence.
La mise en pratique de la réforme du baccalauréat de 2021, doit sans doute être menée en parallèle d’un accompagnement important du corps professoral au plus près des lycées, afin de donner aux professeurs tous les moyens et les informations nécessaires à son application.